Sur quels critères se base-t-on pour juger qu’un audio est excellent ou qu’un autre est moins bon?

La productrice audio Samantha Hodder de Toronto se posait notamment cette question dans son infolettre. Je résume :

Bad tape often breaks all of the rules to suddenly become the… best tape.

Que je traduirais littéralement par :

Un mauvais enregistrement qui transgresse toutes les règles peut soudainement devenir le meilleur.

Comme producteur, ça m’a fait réfléchir et voici les exemples tirés de mon expérience sur le terrain pour illustrer ma façon de voir les choses.

Bad tape

Bad tape, c’est un enregistrement qui aurait pu être aisément mieux capté. Prendre le temps de bien choisir et d’ajuster son équipement constitue une base. Par exemple, un micro omnidirectionnel est rarement un bon choix pour faire du balado.

Bad tape, c’est lorsqu’une personne est trop paresseuse pour reprendre ou pour fournir l’énergie nécessaire à une bonne performance. Un rendement avec peu de tonus, de passion ou d’impact créera le même effet chez la personne qui écoute.

Bad tape, c’est un son qui aurait dû être traité en postproduction, mais qui ne l’a pas été par manque de rigueur. La qualité sonore est la seule chance de faire une bonne première impression. C’est aussi un élément primordial à la rétention de l’auditeur(-trice), selon plusieurs études.

Bad tape, c’est un balado mal préparé, improvisé, sans direction et qui n’a aucun objectif de communication clair.

Good tape

Good tape, c’est bien sûr tout ce qu’on reprend de multiples fois pour améliorer le rendu final.

Good tape, c’est tout ce qu’on récupère du mieux qu’on peut en postproduction, en mettant les heures et le talent nécessaires pour y arriver.

Mais surtout…

Good tape, c’est la première réaction authentique d’un invité à la question improvisée d’une animatrice dans le feu de l’action. Même si c’est un peu off mic, saccadé ou qu’on tape sur la table.

Good tape, c’est clairement toutes les archives sonores d’époque que l’on peut faire entendre dans une série historique, même si le son est parfois (comment je dirais ça gentiment) dégueulasse!

Et GREAT tape, ce sont les moments magiques où l’on sent l’émotion. Ça ne se répète pas! C’est tel quel.

Comme la finale du dernier épisode du balado du CQRHT, dans laquelle j’entends mon réalisateur demander aux gens autour de la table s’ils sont contents… suivi d’une réaction authentique de l’animateur, qui aurait aimé continuer!

C’est du bonbon, même si le réalisateur est complètement off mic et que cela n’aurait pas dû se retrouver au montage de la toute fin de l’épisode 6.

Je vous invite d’ailleurs à l’écouter!

Giscard Tremblay

Producteur de balados et directeur de création